Que dit notre beauté sur notre culture ? Quels critères mettons-nous en avant pour dire qui nous sommes ? Notre couleur de peau ou nos cheveux sont-ils utilisés dans une revendication identitaire ? Les modes et les tendances nous font-elles oublier d’où nous venons ?
Dieu m’est témoin reçoit cette semaine Daphné Bédinadé, chercheuse en ethnologie et anthropologie sociale et Alicia Aylies, Miss Guyane 2016 et Miss France 2017.
Qu’est-ce que la beauté ethnique ?
Pour l’anthropologue Daphné Bédinadé, la beauté ethnique est une catégorie qui renvoie à une beauté ethnicisée, métisse ou noire, et qui a été appropriée par l’industrie cosmétique actuelle. Elle désigne, également, tout ce qui ne fait pas partie de l’industrie généraliste de la norme « blanche, aux cheveux lisses ». La beauté ethnique renvoie enfin à l’ « Autre » exotique, très en vogue dans les magazines féminins.
Est-ce que la beauté dit quelque chose de notre culture ?
La beauté est une manière de représenter une culture, ou les structures sociales en vigueur dans une société. Pendant un temps, un certain nombre de personnes ont été exclues des critères de la beauté en France métropolitaine. Par exemple, la population noire a longtemps eu un accès limité aux produits et services pour cheveux crépus. En effet, les formations de coiffure ne bénéficiaient pas – même aux Antilles – d’apprentissage pour ce type de cheveux. Pour Daphné Bédinadé, cela révèle la position française assimilationniste longtemps dominante qui souhaitait gommer les différences culturelles.
« Mon volume, c’est mon identité »
Depuis les années 2000, le cheveu afro fait son retour. Le « mouvement naturel » a surgi d’abord sur Internet, à travers des blogs et chaînes YouTube de jeunes femmes parlant de leurs cheveux et revendiquant leur identité noire. Elles ont permis de se réapproprier le cheveu afro, non lissé, dit plus « naturel » et authentique.
Mely, une jeune blogueuse, revendique ses cheveux volumineux et crépus comme une partie de son identité. Pour elle, sa chevelure est un atout beauté qui l’aide à s’accepter en tant que femme noire. Elle rompt ainsi la tradition, transmise de mère en fille, du défrisage.
La beauté du métissage : une nouvelle norme ?
Nous allons ensuite à La Réunion dans une agence de mannequins, où les jeunes filles revendiquent le métissage comme critère de beauté. La beauté réunionnaise, comme celle brésilienne ou encore guyanaise, serait une et multiple. Même si le métissage est de plus en plus visible dans l’espace public ou dans les médias, la diversité ne serait pas encore la norme. Elle reste une exception, qui se greffe à l’hégémonie de la femme blanche au cheveu lissé.
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